15,8x15,8 in ~ Peinture, Acrylique
Une lumière dans la nuit, au pied de la bâtisse, le sémaphore s’enflamme…
« Un gardien des écueils, un sourire dans les profondeurs, un éclair du soir tombé, un miracle dans la tempête, une garde rapprochée, une veille sonore, un sauveteur des cauchemars. Je m’étais juré, chaque jour de mon office, de lui conférer un qualificatif nouveau et différent et depuis trente ans j’en ai rempli plusieurs carnets. Le livre de bord de celui qui ne va pas en mer. Le carnet de route de celui qui ne rêve que par les échos des radios et les lignes tracées sur les cartes. Le pense-bête de celui qui n’a qu’un chien et quelques mouettes voleuses comme compagnie quotidienne. Passeur de lumière hachée, activateur de feux sporadiques, compositeur de musique de brume.
Je suis le maître des scintillements, le joueur de faisceaux, le chef de chœur des brailleurs des ciels bretons.
Je prends les embruns, je reçois les écumes, les grains et les vents. J’accepte tous les moyens de navigation, je paie comptant en rouge et blanc. Chaque soir, je grimpe, je saute, je prépare et lance les feux. Je les ai connus manuels et mécaniques, électriques, électroniques...
Je suis le gardien du gardien, je suis l’allumeur de la lumière, je suis le fiancé des rochers et l’amant de la mer.
Je vis seul sur mon caillou, je ne fais qu’un avec lui. Je passe mon dernier soir solidaire ; demain je gagnerai mon ciel pour ne pas atterrir. Ma place est ici jusqu’à ce qu’il m’aspire, jusqu’à me fondre, brûler avec lui.
Je suis le dernier gardien de l’île, je le serai à jamais… »
Muriel Cayet----
Acrylique sur toile
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